lundi 3 mars 2008

changement de boutique !

Juste un mot pour vous dire que désormais vous pourrez me lire ici.

A bientôt.

Max.

vendredi 29 février 2008

« Cette fois-ci, on s’attaque à l’os ! » *

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Ce n’est pas toutes les années qu'on a un 29 février. Alors, lâchons nous un peu !


Car, ailleurs, sur d’autres blogs et forum, d’autres se lâchent le restant de l’année. Comme à l’habitude, quand un fonctionnaire ose bouger le moindre petit doigt, émettre ne serait-ce qu’un imperceptible soupir, les mêmes ritournelles reviennent fredonner à nos oreilles : nous serions sur la défensive, passéistes, pessimistes, cripto-trotskistes, que sais-je encore.


La lecture des commentaires du post de Guillaume (en date du 10 février) sur son blog S’il n’y avait que les élèves (à fréquenter assidûment) est à ce sujet édifiante. Certains, en effet, osent, à leur manière « resituer le contexte du métier de prof ». Ils parlent alors de « sécurité totale de l'emploi, d’absence de pression hiérarchique, d’impuissance du système d’évaluation des personnels enseignants titulaires, de la négation de la culture du résultat, du niveau des salaires corrects pour un métier recrutant à Bac+3 (pour la majorité des profs) », et bien sûr les sacro-saints « volumes horaires du service (+ de 15 semaines de congés par an pour 18H par semaine) ». Un autre commentaire fait même une proposition alternative : « Si vous ne supportez pas votre boulot, allez faire trader à la Société Générale ! »

On leur pardonne. Ils pensent sans doute que leur idole, Jean-Pierre Pernaud, ne travaille que de 13h00 à 13h35, 5 jours par semaine…

Mais, ils ont raison sur un point : il faut poser le contexte.
Et le contexte, quand on le regarde, est éloquent.

Nicolas Sarkozy, Discours au Palais du Latran, 20 décembre 2007 : « Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance. »

Nicolas Sarkozy, Dîner annuel du Crif, 13 février 2008 : Chaque élève de CM2 se verra «confier la mémoire» d'un enfant victime de la Shoah

Nicolas Sarkozy, Périgueux, 15 février 2008 : « Les programmes scolaires sont un sujet de débat politique au sens des affaires de la nation, ce n'est pas un sujet technocratique. Certes les élus du peuple n’ont pas vocation à se substituer aux scientifiques, ce n’est pas à eux de produire le savoir, ce n’est pas à eux de l'écrire, ou de réécrire l’histoire. Il leur appartient en revanche de déterminer ce qui, dans le champ immense du savoir, mérite d’être étudié par les élèves de France. »

Lettre du recteur de l’Académie de Créteil au profs récemment partis à la retraite : « Je vous informe que vous avez la possibilité, si vous le souhaitez, de reprendre une activité enseignante au sein des collèges et des lycées de l’Académie. Cette activité, qui peut être exercée pour quelques heures hebdomadaires sur des suppléances de courte ou de moyenne durée, est rémunérée sous formes de vacations. Elle est désormais compatible avec la condition de retraité de la fonction publique ».

Les enseignants devenus éducateurs voient leur métier changer sans qu’ils puissent participer à cette évolution. Accusés de technocrates (discours de Périgueux, ci-dessus), incapables d’enseigner la shoah à près d’un enfant sur deux (merci M. Darcos), notés sur Internet, l’impression générale est celle d’une perte de contrôle sur notre propre métier. C’est au politique d’inspirer les programmes, nous dit-on ? Quand on sait qu’il a fallu attendre 1995 pour que l’Etat français reconnaisse qu’il a été un Etat collaborateur du régime nazi entre 1940 et 1944 : ça augure mal de la suite.

Les suppressions de postes prévues à la rentrée 2008, massives, s’opèrent dans ce contexte. En compensant les suppressions de postes par l’octroi d’heures supplémentaires aux établissements (car il faut bien, malgré tout, dispenser les heures de cours obligatoires), les rectorats modifient ainsi les conditions d’exercice du métier d’enseignant, en allongeant le temps de travail de ceux qui acceptent une partie de ces heures supplémentaires (souvent contraintes par la faible évolution salariale depuis plusieurs années) (1). Quand il n’y a pas assez de personnel titulaire pour dispenser ces heures, les rectorats ont alors recours à des vacataires (2), voire des retraités.

On le voit, le métier d’enseignant se précarise de deux manières. D’une part en perdant, progressivement, la maîtrise des contenus des enseignements dispensés et d’autre part en assistant au développement rapide de formes flexibles d’emplois (changement chaque année d’établissement, travail sur 2 ou 3 établissements à la fois pour les remplaçants à l’année, vacataires payés pour 200 heures chaque contrat, non rémunérés pendant les vacances et donc contraints de faire des petits boulots d’appoint de ci de là).

Les fables qu’on nous raconte sont donc bel et bien des historiettes pour enfants sages.
On a passé l’âge.
Merci.


Max.



* Citation extraite d’un article de Libération qui donnait la parole à une enseignante du collège Henri Wallon d’Aubervilliers.

(1) Rappelons que pour un service de 18 heures de cours un professeur travaille entre 35 et 40 heures. Rappelons également que les deux mois d’été de vacances ne sont pas rémunérés. Un professeur est payé 10 mois répartis sur 12.

(2) Rappelons qu’un vacataire est payé à l’heure. Il enchaîne souvent des vacations de 200 heures maximum avec des contrats dans lesquels les droits à la protection sociale, aux indemnités chômage sont réduits. A cela s’ajoute l’absence de prise en compte des vacations pour la retraite. Jetables et corvéables. Le recours aux vacataires devient du reste une norme d’embauche pour les rectorats.

mercredi 27 février 2008

La fable de l'Inspecteur d'académie à l'enseignant

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« Arrêtons cette blague », dit le Ministre. "Les établissements fonctionneront normalement l'année prochaine, je ne dis pas que (la baisse des moyens alloués) ne créent pas de contraintes mais nous faisons des réformes et nous définissons nos priorités".

Cela fait des années que l’on nous en parle. Souvenez-vous. C’était à 7 sur 7. L’émission d’Anne Sinclair. Il s’appelait Claude Allègre. Il était Ministre de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. La phrase qui tue : « Il faut dégraisser le mammouth ». Et d’annoncer, en guise d’argumentation, des chiffres sur l’absentéisme des enseignants. Des chiffres bien supérieurs à la réalité et en contradiction avec ceux de ses propres services.


C’était le 24 juin 1997.

Dix ans plus tard, le dégraissage est à l’œuvre. Et cela ne date pas de cette année. Entre les rentrées 2003 et 2006, les collèges et lycées ont perdu quelques 13000 postes d’enseignant (source : Ministère de l’Education nationale). Cette année, sur les 11200 prévus, 8000 devraient l’être dans l’enseignement secondaire.


Pourquoi, comment ? C’est là que la fable commence…


Vent debout, l’enseignant manifeste :


« Dîtes moi d'où vient ce phénomène qui mène tout droit à l'impasse
Qu'est-ce qui se passe, je vois plus les traces, je reconnais plus mon espace
Espacez-vous, écartez-vous, dîtes moi où est la lumière
J'ai besoin d'aide encore une fois et ce sera pas la dernière
Je ne vois plus où je mets les pieds, ne me dîtes pas que c'est normal
Tout ce que je respire est inquiet, je sais plus ce qu'est bien et ce qu'est mal
C'est la pénombre qui règne comme si le soleil était mort-né
Messieurs Dames aujourd'hui, il a fait nuit toute la journée. » (1)


Alors, l’Inspecteur-d’académie-qui-a-réponse-à-tout sort son bel argumentaire en trois parties:


1.


« Il y a moins d’élèves. Il y a un creux démographique », dit il. L’enseignant (qui a l’habitude de préparer ses séquences) lui rétorque que dans le même temps les effectifs augmentent en primaire et que dans 4 ou 5 ans, ils intégreront le collège. Il interroge : « Y aura-t-il assez de professeurs pour les accueillir ? Quand on sait que d’autres charrettes sont prévues, que d’ici à 2010, ce sont 40 000 postes qui doivent être supprimés. Et puis, s’il manque tant d’élèves pourquoi nous retrouverons nous, au collège Lamartine de Houilles, à 30 élèves par classe au lieu de 26 actuellement ? ».« On a le droit de s’inquiéter », conclut-il.


2.


« Certes, certes, dit l’Inspecteur d’académie, mais vous comprenez, l’Etat n’en peut plus, les caisses sont vides, c’est la faillite, 2000 milliards de dettes. On ne peut pas vivre au dessus de nos moyens. Il nous faut être raisonnable ». L’enseignant (qui avec son salaire non revalorisé depuis 6 bonnes années sait ce que c’est que de se serrer la ceinture) n’a cure de cet argument. « Ce n’est pas sur nos enfants que nous devons faire peser le poids de la dette. L’éducation, n’est-ce pas elle qui formera le citoyen responsable, qualifié, novateur qui comblera un jour la dette ? L’élève n’est pas un coût pour la société, un élément comptable, c’est un investissement ».


3.


L’Inspecteur d’académie, piqué au vif, fier de son BTS comptabilité, lui rétorque : « Monsieur, vous vous méprenez. Ce qui gouverne nos dotations horaires, c’est, avant tout, un esprit d’équité. S’il y a bien un point sur lequel nous serons d’accord, c’est notre souci de vouloir garantir des dotations équitables entre tous les établissements. C’est la raison pour laquelle le Ministre a créé le dispositif Ambition réussite ». L’enseignant (qui déjà aime à faire vivre le commerce équitable et pratique le tourisme équitable pendant ses loooongues vacances) ne peut s’empêcher de faire son spécialiste : « Monsieur l’Inspecteur, à Aubervilliers, à la cité scolaire Henri Wallon, que Notre Ministre a «élevé au titre de « site d’excellence », comment expliquez-vous que 7 classes ferment et que 15 postes d’enseignants soit supprimés à la rentrée 2008 ? »


Il y a bien une morale à cette fable.


Trois arbres, aussi soigneusement entretenus soient-ils par nos plus brillants jardiniers ne sauraient cacher une forêt, surtout quand elle est immense.


La suite vendredi.


Max.


(1) Grand Corps Malade, Il fait nuit toute la journée, 2005

Nota bene: l'illustration du début de la note est librement inspirée d'une des affiches de la dernière campagne de publicité d'une célèbre compagnie ferroviaire.




lundi 18 février 2008

civilisation ! ? ...

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Amusons nous un peu.

Ce dimanche soir, je m’en retourne de l’exposition de l’Institut du monde arabe sur les Phéniciens. Toute la semaine, les affiches dans le métro me répétaient de station en station le même slogan inscrit dans un tridacne: « Quel visage avait la civilisation qui nous a donné l’alphabet ».

Or, vous le savez, depuis les vœux de notre Président, toute la bonne société s’interroge sur ce qu’est une « politique de civilisation ». Soucieux d’en faire partie, je me dis que je vais peut-être trouver quelques éléments d’explication à l’Institut du Monde Arabe.

Déambulant au milieu d’œnochoés à bobèche, d’oenochoés trilobées, de sarcophages, d’amulettes, d’aryballes et autres alabastres à onguents, d’œufs d’autruche, de statuettes de femmes aux bras écartés et de tridacnes, peu à peu, une certitude se forge dans mon esprit : la civilisation que construit Nicolas Sarkozy n’est pas une civilisation. Elle est trop ridicule au regard de celles qui ont franchi les siècles pour venir jusqu’à nous.

Jugez-en par vous-même :

Une civilisation, c’est une langue avec un alphabet
. Les Phéniciens ont inventé un système d’écriture simple où chaque son est représenté par un signe simple appelé lettre. Cet alphabet est apparu au Proche-orient autour de 1500 av. J.-C. Il va influencer tous les peuples de la Méditerranée et au-delà. Nicolas Sarkozy, lui, se veut le grand simplificateur de la langue française, « parce que si l'on ne parle pas notre langue, dit-il, c'est difficile d'espérer progresser. Le vocabulaire est un instrument de liberté ; l’orthographe, par quoi notre langue se tient debout ; la grammaire, qui est le commencement de toute pensée qu'il faut débarrasser de l'invraisemblable charabia dans lequel on l'a enveloppée et qui l'a rendue presque aussi incompréhensible pour les enfants que pour les parents (…) : toutes ces disciplines, orthographe, grammaire, toutes ces disciplines seront remises, à l’honneur. Sans parler de la pratique du langage texto, je suis terrifié lorsque j'en reçois un.[ndlr : « Si tu reviens, j’arrête tout »] Il faut voir ce qu'est la langue texto pour le français. Si on laisse faire, dans quelques années on aura du mal à se comprendre ». (Discours de Périgueux, 15 février 2008)

Une civilisation, c’est un ensemble de croyances
, qui permettent de différencier le bien et le mal, croyances parfois importées d’autres rivages, parfois de son propre fait. Pour les phéniciens, ce furent des divinités venues du Nil et ce fut Astarté. Pour Nicolas Sarkozy, c’est le Dieu de Benoît XVI : « Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, dit notre nouveau prophète, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, p1eda40368c9c002ed93d1a39fbb9fb29.jpgarce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance. » (Discours au Palais du Latran, 20 décembre 2007). Mais c’est aussi, la croyance dans les médias, l’espérance dans les sondages (1). Et la photographie remplace tous les mots.

Une civilisation rêve d’Empire
. Pour les Phéniciens de Tyr, Sidon et Byblos, c’est la Méditerranée. Pour Nicolas Sarkozy … aussi : « Faire de la Méditerranée, de sa résistance à l’uniformisation du monde, la plus grande source de créativité au milieu de la mondialisation, et à partir de là rendre vivante au centre de l’économie globale une idée de l’homme et de la civilisation. (…) La Méditerranée c’est un enjeu pour notre influence dans le monde. C’est un enjeu pour notre manière de vivre avec les autres. C’est un enjeu pour notre cohésion nationale et c’est un enjeu pour chacun d’entre nous. (…) Faire une politique de civilisation, voilà à quoi nous incite la Méditerranée où tout fut toujours grand, les passions aussi bien que les crimes, où rien ne fut jamais médiocre, où même les Républiques marchandes brillèrent dans le ciel de l’art et de la pensée, où le génie humain s’éleva si haut qu’il est impossible de se résigner à croire que la source en est définitivement tarie. La source n’est pas tarie. Il suffit d’unir nos forces et tout recommencera. » (Discours de Toulon, 7 février 2007)

Alors qu’elle visage a la civilisation que nous a donné Sarkozy ?


Hypothèse: celui d'une dégénérescence...


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Max.


(1) « Il faut envisager le journalisme comme une croyance, peut-être l’ultime croyance d’une époque qui se pense incroyante. Le journalisme ne croit qu’en ce qu’il montre, c’est-à-dire en un monde intégralement lisible. (…) L’époque n’est plus aux grands délires interprétatifs, ni aux théories générales, mais à la modestie. Le journalisme ne promet pas un monde meilleur, il promet de vous livrer le monde. Post-révolutionnaire, délivrée de toute transcendance, l’idéologie de l’information est celle d’un monde dans lequel le désenchantement est arrivé à son terme. Encore qu’il serait permis de décrire l’âge médiatique comme celui d’un ré-énchantement pour enfants, en technicolor, destiné à distraire une humanité lasse de sa grandeur et de sa cruauté passées. (…) En somme, le sortie du religieux a fait place au politique et, à la fin du politique, il y a le médiatique dont le journalisme est l’avant-garde éclairé. » Philippe Cohen, Elisabeth Lévy, Notre métier a mal tourné. deux journalistes s'énervent, Mille et une nuits, 2008.

(2) Vous aurez reconnu, un masque grimaçant phénicien (Carthage, Tunisie, fin VIIè - décut VIè av. J.-C., terre cuite, 19 x 16, Paris, musée du Louvre) et sa pâle copie actuelle et celle de demain...

dimanche 17 février 2008

week end

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Robert Rauschenberg
Passenger (Urban Bourbon)
1992
acrylic on enamelled aluminium
124.5 x 119.4 cm
Courtesy Waddington Galleries, London

jeudi 14 février 2008

Audiovisuel public: une grève pas comme les autres...

France inter.
Hier matin.
Le journal de 7h00.

Bruno Duvic présente le
journal. Il aborde la grève dans l’audiovisuel du 13 février.
Courte description de la manifestation parisienne: banderole « Ni pub, ni soumise » (pas mal !), supprimer la publicité des antennes publiques. Pourquoi pas. Mais il y a des doutes : comment financer l’audiovisuel public sans l’argent de la pub ?
Afin de mieux sentir les doutes qui assaillent les personnels, les micros de France Inter nous plongent dans la manifestation. Au micro, une journaliste de France 2, Karine Comazzi, est interrogée :

« S’il n’y a pas d’argent à partir du 27 février, nous ne serons plus en mesure d’acheter des programmes. Ca veut dire, déjà, on commence à descendre, on commence à décliner. Ce que les gens doivent savoir, c’est que France Télévision n’est pas une vieille maison de ringards, ce n’est pas le Titanic. On n’est pas forcément en surnombre. Certes, il y a sans doute une réorganisation à faire. Mais, on n’est pas d’affreux ringards qui sont attachés à leurs privilèges. Aujourd’hui, il y a deux journaux télévisés du soir, en France, qui progressent : le 19/20 et le journal de 20 heures de France 2. Pourquoi ? Parce qu’il y a de la qualité, de l’audace, des enquêtes. Et ça, ça a un coût. Le téléspectateur doit savoir que c’est un outil de démocratie qu’il a entre les mains. C’est tout et il faut le défendre. »

Vous avez noté ?

« On n’est pas d’affreux ringards qui sont attachés à leurs privilèges ».

France 2, déjà, dans son unique
édition du 13 février, rappelle à plusieurs reprises David Pujadas (service minimum du service public ?) explique en long, en large et en travers les raisons de la grève, les enjeux du service public, les inquiétudes quant au flou du gouvernement sur les solution de financement. David Pujadas interview Christine Albanel, Ministre de la culture et de la communication. Il la presse de donner des réponses concrètes. On sent bien que les personnels de l’audiovisuel public ont besoin d’établir un dialogue avec leur ministre de tutelle. Etablir un dialogue, faire entendre leurs doutes, poser des questions à leur direction, avoir des réponses concrètes. Un dialogue qu’elle évite, des solutions qu’elle élude.

Et ils ont bien raison. Qu’ils continuent !

Mais la phrase de Karine Comazzi me revient :

« On n’est pas d’affreux ringards qui sont attachés à leurs privilèges ».

Il y aurait grève et grève, grévistes et grévistes ?

Retournons sur le site de France 2.
Journal Télévisé de 20 heures du 11 février. Grève à Orly des contrôleurs aériens. De quoi parle-t-on dans les reportages : les perturbations du trafic aérien, la lassitude des passagers, « pris en otages », une minorité qui bloque une majorité d’honnêtes gens, l’incompréhension sur les raisons de cette grève. Mais des raisons précisément, on ne saura rien.

Je cherche alors dans la presse écrite.
Libération du 12 février explique : Le projet vise « à regrouper les trois points de contrôle d’Ile de France au sein d’un nouveau centre, près d’Athis-Mons. Il devait voir le jour entre 2015 et 2017. Mais, entre-temps, la direction décide, transitoirement, d’envoyer 30 aiguilleurs d’Orly travailler à Roissy, sur la base du volontariat, d’ici à 2011. La CGT craint une baisse de la qualité du service public : «On ne pourra pas contrôler les avions d’Orly depuis Roissy d’ici là. Il y a des adaptations techniques beaucoup trop lourdes, accuse Norbert Bolis, secrétaire national CGT. Ça va coûter de l’argent, du potentiel humain et en 2015, il faudra ramener tout le monde dans un nouveau bâtiment.»

Que veulent les grévistes : « La CGT pose la consultation des personnels des trois sites comme préalable à la fin de la grève». C’est tout. Comme personne ne veut les consulter, ils ont arrêté le travail pour pouvoir se faire entendre. Comme à France 2. Etablir un dialogue, faire entendre leurs doutes, poser des questions à leur direction, avoir des réponses concrètes.

Ringard ?


Max.

lundi 11 février 2008

Martinon ou la chronique d'une fin de régime (espérons-le !)

Humons l'air un petit peu.

Ne sentez vous pas que ce début de règne ressemble à une fin de régime ? Des journalistes qui passent leur temps à se faire les chroniqueurs d’une cour chaque matin plus ridicule que la veille. Un monarque obligé d’aller chercher l’onction un jour au Vatican, un autre à Bruxelles.

Que nous racontent nos chroniques du week-end ?

Elles nous narrent l’histoire d’un roi qui ne savait pas comment partager son royaume de Neuilly. Son obsession : trouver un fief à son maire du palais élyséen, David Martinon. Mais l’adoubement tourne court car les factions aristocratiques de la ville de Neuilly s’en mêlent. Leurs intérêts, purement matériels, les poussent à maintenir l’unité de leur petite province, à travers laquelle sont dispersés leurs biens. Leur champion, Jean Sarkozy, n’est autre que le premier fils du souverain, né d’un premier mariage. Et les liens du sang sont les plus forts dans l’aristocratie. Ils ne sauraient être ravalés au rang de façade. Comment ce Martinon, cet Austrasien, pourrait-il assurer la direction du royaume alors qu’il n’a aucun titre. Ces derniers jours, ils nous interpellent, les princes du sang : « Qui doit être roi en Sarkozie, celui qui possède le pouvoir ou celui qui ne l’a point ? » Martinon avait tout de même reçu l’onction royale. Le souverain avait lui-même pris la peine de faire réaffirmer par le Pape sa suprématie:












Mais rien n’y fait : à la race sacralisée par le sang ne succédera pas la race consacrée par l’onction !


Ridicule tout cela. Vous avez raison. D’ailleurs Dagobert, dans sa tombe repose désormais en paix. Il n’est plus désormais le seul objet de nos moqueries.

Mais ce n’est pas tout. Un autre groupe de pression, nous disent les chroniques du week-end, se réunit autour de la deuxième femme de Nicolas Sarkozy, Cécilia, épousée en 1996. Or, en 1997, celle-ci lui donna un fils, Louis. Depuis, elle n’a de cesse que le principe du partage s’applique aussi à son fils, usant de tous les stratagèmes pour que son divorce avec le roi ne l’envoie, elle et Louis dans l’anonymat. La disgrâce de Martinon sonnerait celle du clan de Cécilia dont il était le protégé.

Voilà, l’histoire que l’on nous narre. C’est à qui dominera la volonté du monarque, chacun avec ses clientèles cherchant à tirer profit de ces rivalités. Pour l’heure, il semble bien que les factions aristocratiques de Neuilly autour de Jean aient pris le dessus. Martinon sera tondu et enfermé dans un monastère.

Mais alors. Comment sortir de ses révolutions de palais ? Comme toujours, le rêve d’empire va nous projeter loin de nos querelles intestines. L’Europe. Vous savez, cette grande France.

Allocution télévisée de Nicolas Sarkozy, hier soir, le 10 février, 20h00 :

« Je veux que la France donne l’exemple. Je veux qu’elle soit de nouveau en Europe une force de propositions et une force d’entraînement ».

Ridicule à Neuilly, je serai impérial à Bruxelles :

« Je souhaite que la présidence française soit l’occasion d’avancer dans cette voie. C’est dans cet esprit que je proposerai à nos partenaires comme priorité de travailler sur une stratégie de développement durable, une politique commune de l’immigration, une défense européenne et une refondation de la politique agricole ».

Que ceux qui jusqu’ici s’adonnaient à des guerres privées et abusives, au grand dam de leurs concitoyens, aillent au combat. Un combat qui vaut d’être engagé et qui mérite de s’achever en victoire :

« Désunis, les peuples d’Europe ne pourraient pas relever les défis du XXIe siècle. Unis, ils représentent une formidable puissance politique, économique, culturelle, morale, qui aura son mot à dire dans les affaires du monde. C’est pour cela que l’Europe est si importante. Dans le respect des opinions et des sensibilités de chacun, je forme le voeu que, dépassant les clivages partisans et les oppositions du passé, nous soyons tous rassemblés pour que l’Europe se fasse, qu’elle se fasse sur des valeurs, des critères, des objectifs dans lesquels nous nous reconnaissons tous ».

Et voilà. Il est probable qu’aujourd’hui l’actualité des guerres factieuses de Neuilly écrase largement dans nos journaux l’inanité du projet européen de Nicolas Sarkozy. A défaut de journalistes relayant de vrais débats d’idées permettant au citoyen de s’approprier la politique, espérons, quand même, que les chroniqueurs, qui à longueur de unes nous racontent la déchéance des Puissants, nous montrent à voir, la fin d’un régime et de modes de gouvernement éculés.

Pour que l’on puisse, enfin, passer à autre chose.

Max.


Nota bene: le collage du jour est inspiré de la dernière publicité d'un grand magazin parisien. Une fois de plus, merci à Jean Paul Goude.

dimanche 10 février 2008

week end

Jérôme "G" Demuth, Car& 146;s Faces, 2002. Panel d& 146;affiches A0 photocopiées, Paris. 400 x 200 cm.

"Jérôme Demuth affiche en noir et blanc ses Car’s Faces dans la rue. Pour montrer son travail photographique, il colle des calandres de voitures sur les panneaux publicitaires. Entre collage et affichage ses actions urbaines sont toujours à considérer comme des prises de paroles écologiques et sociales." (paris-art.com)

Et un petit film sur une oeuvre intitulée Re_cycle

jeudi 7 février 2008

Et soudain...un vent de (radio) liberté


Hier matin. Une fois n'est pas coutûme. J'écoutais RTL.
Alain Duhamel faisait sa chronique.

Un moment, Christophe Hondelatte ("faites entrer l'accusé") questionne le très bonhomme Duhamel sur la différence entre les campagnes présidentielles américaine et française.

M. Bonhomme répond: "Il n'y a absolument pas photo. La campagne américaine est bien plus dure, bien plus longue, bien plus exigeante, et s'il fallait prendre un seul exemple : en France, ce sont les grands candidats qui imposent leurs formules aux télévisions ; aux Etats-Unis, ce sont les télévisions qui imposent leurs formules aux grands candidats. Et ça fait une drôle de différence."

Et c'est vrai. Me reviennent en tête quelques images:




















Mais aussi la dernière conférence de presse du 9 janvier où aucune question qui fache n'a été posée.

Et RTL qui chaque matin faisait campagne pour le candidat Sarkozy.

Comment laisser dire des choses pareil à l'antenne? Que des médias seraient à la botte du régime? A un ami de Poutine en plus. Un coup à perdre sa licence.

Mais...enfin...c'est évident...
Nicolas Sarkozy a perdu 13 points dans la dernière enquête LH2 pour Libération.

Ouf ! RTL a repris un peu de bonhommie.


Max.

mercredi 6 février 2008

Les Français votent... paraît-il !

1.
La bonne blague du jour…
Les Français votent…

Obama.

Sondage exclusif de l’Institut CSA pour le Parisien et Aujourd’hui en France.
Pages 2 et 3.
« Si vous étiez Américain, qui choisiriez-vous plutôt ? » :38% des Français répondraient Barack Obama et 36% Hillary Clinton.
Apparemment 26% s’abstiendraient, considérant sans doute qu’ils ne sont pas Américains ou qu’on les prend pour des cons.

Car, on les prend pour des cons.

La veille.
Avant hier.

Nos chers parlementaires ont approuvé la modification constitutionnelle qui met au panier le vote des Français au référendum sur le Traité constitutionnel du 29 mai 2005. Ce jour-là, ils avaient dit NON à 54,68 %.
Hier, 560 (62,7 % des parlementaires) ont dit OUI à la modification constitutionnelle donnant droit ensuite à ratification. 181 ont dit NON (20,2 % des parlementaires). 152 se sont abstenus (17,1 %).

La bonne blague du jour donc.
Les Français votent.

Mais.
A quoi ça sert un vote ?

2.
Hier. Dans 20 minutes, page 8 : « Les Français ratent le train européen », à propos de l’acte de gloire de nos parlementaires, avant hier.
A qui la faute ? s’interroge le pseudo votant se rendant à son travail.

20 minutes les a précédé. Il a la réponse :
- Les partisans du NON : « En 2005, les détracteurs du référendum européen avaient fait entendre leur voix. Trois ans plus tard, ils sont quasi inexistants ». Précisons toutefois que les « nonistes » n’étaient pas des détracteurs du référendum mais des détracteurs du Traité européen qu’on vient de nous refiler.
- Les Français : « Selon le baromètre Ifop Paris Match réalisé en janvier, la question européenne ne figurait pas dans les quinze principaux sujets de conversation des Français, plus intéressés par l’interdiction de fumer, les soldes et la hausse du prix du gaz ».
- Nicolas Sarkozy : « Les responsables politiques ont leur part de responsabilité. D’abord les leaders de la majorité, Nicolas Sarkozy en tête, parce qu’ils n’ont pas souhaité un référendum pourtant réclamé par 59% des Français selon un sondage CSA-L’Humanité ».
- Au PS : « La faute à leur stratégie illisible ».

Pas faux. Mais, il n’oublierait pas quelque chose, 20 minutes ?
Que sont les médias ? Ne serviraient-ils pas à garantir le pluralisme dans une démocratie, par exemple ? A susciter le débat dans la société, par exemple ?
Mais, me direz-vous, tout ceci n’est que gesticulations. Vous venez de citer des passages d’un article critique.
Certes, vous répondrai-je, mais comment appelle-t-on un article du 5 février qui critique un vote qui a eu lieu le 4 février ?

Du foutage de gueule. Avant le 4 février, le même 20 minutes y consacrait à peine 25 mots.

Donc.
A quoi servent les médias ?

3.
Sans vote et sans médias. Que nous reste-t-il alors ?

Euh.

J’ai trouvé. Le salon de l’agriculture.
On pourra constater qu’il y a plus bœufs et plus moutons que nous.

Ouf.
Allez-y. Cela vous fera du bien. Du 23 février au 2 mars.

Chateau de Versailles. Non, pardon. Porte de Versailles.


lundi 4 février 2008

Maître Rocard sur son arbre perché...

... se scia la branche sur laquelle il avait son séant posé.

En ce lundi, la commission Pochard, qui avait commencé ses travaux en octobre, remet son rapport sur l’évolution du métier d’enseignant.

L’esprit en est simple :
« pas de raison que la loi commune de la performance, c'est-à-dire l'exigence de rechercher les résultats les meilleurs dans l'exercice d'une mission (...) ne s'applique pas aux enseignants comme aux autres acteurs de la vie en société ».

Le monde de l’éducation de février 2008 parle d’un « flexiprof », « plus réactif, plus collectif, plus mouvant dans sa carrière, plus présent dans l'établissement, mobilisable en fonction des besoins et soumis à la pression des "résultats"». (source : Le Monde du 1er février)

Soit.

On verra à la lecture et à ce qu’en prendra Xavier Darcos. Ce rapport, comme les autres est sans doute plus voué à préparer l’opinion qu’à préparer une loi dans l’immédiat. Nous aurons l’occasion, une autre fois, de parler de la technique des petits pas employée par Xavier Darcos dans ce ministère.

Pour l’heure, interessons nous à ce qui entoure la publication de ce rapport. Comme Jacques Attali, s’employant l’autre soir sur France 2 à dénoncer une reprise journalistique mensongère de son rapport, Michel Rocard, membre éminent de la commission Pochard, en a claqué la porte avec bruit trois jours avant le rendu des travaux, criant à la manipulation.

Le Figaro de jeudi. Rocard : Il faut « améliorer la prise en compte de la performance dans le déroulement des carrières des enseignants ». Polémique. Démission et démenti rocardiens : «Je tiens à souligner que ce rapport n'évoque en aucun cas une rémunération au mérite». Pourtant.
Libération note : Dans son entretien au Figaro, l’ex-premier ministre, moins catégorique, expliquait que «nous n'évoquons pas directement dans notre rapport une rémunération au mérite.» Et de préciser qu’il voulait dire «clairement que dans l'esprit de la commission comme dans le (sien), la reconnaissance du mérite doit affecter essentiellement le déroulement des carrières, et non pas la paie directe».

Bon. Deux variantes :

La première. Celle du maître réformateur qu'il estime être (CSG, création du groupe Air France). Michel Rocard, a quelques bonnes recettes : éviter les affrontements politiques stériles qui font se heurter les Grands Principes comme s’il s’agissait, à chaque fois, de changer de société, éviter les effets d’annonce, car les blocages surgissent avec déformations du vrai. (Source : agoravox)
Moins on dit qu’on réforme, plus on réforme. Plus le Figaro dit qu’il y a réforme, plus on démissionne.

La deuxième. Celle bien résumée par Hervé Hamon dans Le Télégramme d'hier: «De quoi parlait-on ? [dans la commission Pochard] De la nécessité d'une culture du résultat (va-t-on se contenter de soutenir que l'élève échoue par sa faute et réussit grâce à l'institution ?). De l'urgence d'une culture de l'évaluation, non des enseignants un par un, mais de l'établissement, et de la manière dont on y travaille. De l'évolution souhaitable des obligations de service en « annualisant » les heures, comme à l'université (ce qui permet, par exemple, de dégager du temps pour soutenir, au deuxième trimestre, les étudiants dont on a repéré les défaillances). Rien de révolutionnaire. Voilà belle lurette que les pays dont la performance est supérieure à la nôtre ont progressé sur ce chemin. 15 à 20 % des jeunes Français sont en grande ou très grande difficulté scolaire, cela ne saurait durer. Jeudi dernier, Michel Rocard s'en expliquait dans Le Figaro. Titre du journal, à la Une : « Rocard veut payer les enseignants au mérite ». Rien à voir avec le sujet (cette hypothèse n'a jamais été envisagée). Mais torpille efficace. Qui permet aux réactionnaires de disqualifier le rapport avant même sa publication. Et à la FSU, principale machine à dire non dans le secondaire, d'en faire autant. Car la trajectoire des torpilles est beaucoup moins rectiligne qu'il n'y paraît».

Mais, mon esprit de mauvais renard, m'invite à formuler une autre hypothèse. La troisième. Une fable ?

Maître Rocard, sur son piédestal perché
Tenait depuis toujours en son bec l’envie d’emmerder les socialistes.
Maître Darcos par la bonne idée alléché
Lui tint à peu près ce langage surréaliste :
« Et bonjour, Monsieur du Rocard.
Que vous êtes brillant ! Que vous me semblez intelligent !
Sans mentir si votre ramage
Se rapporte à votre plumage
Vous êtes le phénix des hôtes de ce gouvernement. »
A ces mots, le Rocard ne se sent plus de joie,
Et pour montrer sa belle voix,
Aurait pu suggérer, en catimini, à la commission Pochard, qu’il faudrait payer les profs au mérite
Le Figaro s’en saisit, et dit : « Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout sarkoziste
Vit aux dépens de celui qui dans l’ouverture s’engage. »
Le Rocard honteux et confus,
Décidant d’en faire un fromage
Jura, un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.

Max.





Nota bene: le collage du début de la note est librement inspiré d'une des affiches de la dernière campagne de publicité de la sncf.

samedi 2 février 2008

week end


















Max Ernst (1891 - 1976), Two children are threatened by a nightingale *, 1924

mick est tout seul - des oiseaux dans mon ventre

* Deux enfants sont menacés par un rossignol

mercredi 30 janvier 2008

Alors Kerviel ! Cochon, dindon, paillasse ou millionnaire ?

"Ils veulent tous trouver Kerviel", titrait encore, mardi 29 janvier, le site de 20 Minutes.
Et de nous expliquer : « La chasse à l'homme continue. Plusieurs jours après que le scandale de la Société générale a éclaté, aucun média n'a réussi à entrer en contact directement avec Jérôme Kerviel, le courtier en cause dans l'affaire. »

Et c’est vrai que les médias pratiquent la chasse à l’homme depuis quelques jours à propos des 5 milliards d’euros perdus par la Société générale.

Prenons, par exemple, 20Minutes.fr :

24 janvier 9h05 : « Fraude à la Société générale: le courtier en fuite? »

FBI, porté disparu. Jack Malone est aux manettes. Et Jack, c'est un pitbull. Il ne lâche rien:


24 janvier 17h02 (on l’a identifié): « Jérôme Kerviel, le courtier par qui la Société Générale a perdu 4,9 milliards d'euros ».
25 janvier 23h15 : « Des policiers chez Jérôme Kerviel »
26 janvier 14h30 : « Jérôme Kerviel en garde à vue à la brigade financière »
27 janvier 10h18 : « Société Générale: le courtier Jérôme Kerviel toujours en garde à vue »
28 janvier 8h33 : « Société Générale: fin de la garde à vue de Jérôme Kerviel qui pourrait être présenté au Parquet »
28 janvier 13h48 : « Société Générale: ouverture d'information judiciaire, Kerviel déféré au parquet »
28 janvier 19h48 : « Société générale: Kerviel mis en examen notamment pour «abus de confiance»
29 janvier 18h14 : « Ils veulent tous trouver Kerviel. »
29 janvier 20h42 : « Qu’est-ce qui coûte de 2,3 millions d’euros par heure aux Français ? ». Jérôme Kerv.. non je plaisante. L’article est sur les jeux de loto.

Mais bon, quand même. On joue tous au loto. Voilà ce qu’a fait ce trader malheureux. Sauf que, quand même, on se questionne, s’interpelle. A-t-il agi seul ? Le Président de la Société générale n’est-il pas responsable. Nos-chers-gouvernants ont été prompts à dénoncer les responsabilités du président. « Il doit démissionner » disent-ils tous en cœur du PS à l’UMP.

Faudrait pas que le pékin moyen croie que c’est le système économique qui est responsable… On donne donc en pâture le trader qui pourtant travaillait plus pour gagner plus et son directeur, ce requin de la finance (mal vu de toute façon avec sa probable retraite chapeau et son parachute doré).

Oh la la.

Quand on regarde les JT, quand on lit la presse, quand on écoute la radio, que cela paraît complexe. Ces montages financiers, ses contrôles boursiers, cette informatique pleine de codes secrets détournés.

Pourtant. Pourtant…

Si on relit nos classiques. Balzac, par exemple. En 1837. Il y a 170 ans. Presque deux siècles.César Birotteau, histoire de la grandeur et de la décadence d’un homme, marchand parfumeur, adjoint au maire, chevalier de la légion d’honneur, qui voulait faire fortune, en plus, spécule sur de l’immobilier et se gaufre. Ruiné. Ratatiné. Il va voir un banquier, qui lui explique tout.

Lisez. C’est Kerviel, Bouton. Mais surtout, « ce qui est en cause ici, … c’est un système… Ce système porte un nom : c’est le capitalisme. L’œuvre de Balzac, entre autres choses, c’est aussi la description de la montée du capitalisme », disait Félicien Marceau.

Un Classique (poche Folio, 7 euros), p. 308-309:

M. Claperon (le loup) : « Une affaire exige le concours de tant de capacités ! Mettez vous avec nous dans les affaires ! Ne carottez pas avec des pots de pommade et des peignes : mauvais ! mauvais ! Tondez le public, entrez dans la Spéculation.
César Birotteau (l’agneau) : La spéculation ? dit le parfumeur, quel est ce commerce ?
M. Claperon : C’est le commerce abstrait, repris Claperon, un commerce qui restera secret pendant une dizaine d’années encore, au dire du grand Nucingen, le Napoléon de la finance, et par lequel un homme embrasse les totalités des chiffres, écrème les revenus avant qu’ils n’existent, une conception gigantesque, une façon de mettre l’espérance en coupes réglées, enfin une nouvelle Cabale ! Nous ne sommes encore que dix ou douze têtes fortes initiées aux secrets cabalistiques de ces magnifiques combinaisons.

César ouvrit les yeux et les oreilles en essayant de comprendre cette phraséologie composite.

M. Claperon : Ecoutez, dit Claperon après une pause, de semblables coups veulent des hommes. Il y a l’homme à idées qui n’a pas le sou, comme tous les gens à idées. Ces gens là pensent et dépensent, sans faire attention à rien. Figure-vous un cochon qui vague dans un bois à truffes ! Il est suivi par un gaillard, l’homme d’argent, qui attend le grognement excité par la trouvaille. Quand l’homme à idées a rencontré quelque bonne affaire, l’homme d’argent lui donne alors une tape sur l’épaule et lui dit : « Qu’est-ce que c’est que ça ? Vous vous mettez dans la gueule d’un four, mon brave, vous n’avez pas les reins assez forts ; voilà mille francs, et laissez-moi mettre en scène cette affaire. » Bon ! le Banquier convoque alors les industriels. Mes amis, à l’ouvrage ! des prospectus ! la bague à mort ! On prend des cors de chasse et on crie à son de trompe : « Cent mille francs pour cinq sous ! ou cinq sous pour cent mille francs, des mines d’or, des mines de charbon. » Enfin tout l’esbroufe du commerce. On achète l’avis de hommes de sciences ou d’art, la parade se déploie, le public entre, il en a pour son argent, la recette est dans les mains. Le cochon est chambré sous son toit avec des pommes de terre, et les autres se chafriolent dans les billets de banque. Voilà, mon cher monsieur. Entrez dans les affaires. Que voulez-vous être ? cochon, dindon, paillasse ou millionnaire ? Réfléchissez à ceci : je vous ai formulé la théorie des emprunts modernes. Venez me voir, vous trouverez un bon garçon toujours jovial. La jovialité française, grave et légère tout à la fois, ne nuit pas aux affaires, au contraire ! Des hommes qui trinquent sont bien faits pour se comprendre ! Allons ! encore un verre de vin de Champagne ? »

Un Classique. On le transpose à notre affaire. Tout s’éclaire.

Pourquoi on ne lit plus Balzac à l’école ?

Max.

lundi 28 janvier 2008

la figure du sans papier...


















... ou comment la politique disparaît dans l'abstraction.

Jeudi dernier, le papa d'une petite camarade de classe de ma fille, 4 ans et demi, est arrêté par la police, à son domicile. Il est sans-papiers. Il est conduit au centre de rétention de Vincennes et passe devant un juge qui lui notifie son expulsion pour un jour proche (ce lundi peut-être).

Samedi, une petite manifestation est organisée, par l'école et le réseau RESF, dans le quartier pour essayer de mobiliser un peu les habitants. Nous sommes une trentaine qui déambulons dans les rues dans ce qui ressemble à une sorte d'indifférence ou de renoncement ou de peur. C'est jour de marché. Les rues sont pleines mais elles sont vides.

Je m'interroge.

Rentrant chez moi, je reprend le livre de David Hochney [1] dans lequel je me suis plongé ce week end. J'y trouve une réponse provisoire. "Avant Einstein, écrit-il, le temps et l'espace étaient considérés comme des concepts distincts, comme des absolus qui auraient toujours existé. Pour Einstein, ces notions ne sont pas des absolus et elles dépendent en grande partie de l'observateur. Par voie de conséquence, la notion de réalité partagée a considérablement reculé. Il devenait évident que nous voyons tous quelque chose d'un peu différent".

Pour nos sociétés contemporaines dans lesquelles les individus s'autonomisent, les populations se déplacent, tout devient abstraction. Il n'y a plus un point fixe à partir duquel nous regardons tous ensemble vers l'horizon. La perspective disparaît. La "notion de réalité partagée" recule.

Nous manifestons dans des tunnels. Au dessus, d'autres, se taillent des boulevards.

Nous avons besoin de voir neuf. Mais comment ?

miossec - le stade de la résistance

Max.


[1] David Hochney, Ma façon de voir, Thames & Hudson, 1993


Nota bene: collage librement inspiré des oeuvres de David Hochney et Kara Walker

samedi 26 janvier 2008

week end

David Hochney, Pearblossom Highway #2, 1986.

vendredi 25 janvier 2008

Boutin / Amara: le plan Grand Froid...

Christine Boutentrain et Fadela Caméra forment un beau duo. Certes plus proche de Laurel et Hardy que d'une ministre et sa secrétaire d'Etat. Mais quand même, le spectacle est drôlissime. Problème. Une fois passé le rire des premières secondes, on se crispe. Leur vaine agitation est l'exemple même du cynisme du régime qui s'impose chaque jour un peu plus à nous.

Petite chronologie


18 décembre 2006, Charleville Mézière, discours de Nicolas Sarkozy "Pour la France qui souffre": "A quoi sert-il de proclamer le droit au logement, le droit à l’hébergement, l’égalité de l’homme et de la femme, le droit de scolariser son enfant handicapé, le droit au logement étudiant… Si l’on ne construit pas assez pour résorber le déséquilibre entre l’offre et la demande ? "
Mais encore: "Je propose d’en finir avec le renoncement.Je propose d’en finir avec l’hypocrisie".
Mais enfin ! :"Je veux que d’ici dix ans les 700 000 logements manquants pour résorber la crise du logement aient été construits".


6 mai 2007: Nicolas Sarkozy est élu président de la République française avec 53,06% des voix (49,8% dans la France qui souffre à Charleville Mézière).

18 mai 2007: Le gouvernement Fillon est nommé: Au Ministère du logement de la ville est nommée Christine Boutentrain et Fadela Amara devient sa colocataire chargée de la ville. Celle-ci assure que "cela va bien se passer" avec "une personne qu'elle a déjà rencontrée, qui a beaucoup de coeur". "On va s'entendre sur beaucoup de choses, notamment sur la question de vouloir transformer les quartiers". Elle conclut: "C'est un beau mariage, même s'il y aura sans doute, comme dans tous les mariages, de petites disputes."

17-27 septembre 2007: Le Ministère du logement se délocalise 10 jours Place Bellecour à Lyon. Coût total de l'opération: 250 000 euros.

25 septembre 2007: Suite à une polémique entre la Minstre du logement et Augustin Legrand (Les Enfants de Don Quichotte sur le nombre de SDF et de places d'hébergement), Christine Boutentrain propose à son contradicteur d'entrée dans son cabinet ministériel. Il refuse.

16 novembre 2007: Jean-Paul Bolufer, directeur de cabinet de la Ministre du Logement, invité de l'émission "Du grain à moudre" sur France Culture, déclare: "Je voudrai insister sur l'absence de rotation dans le parc HLM. Aujourd'hui, se trouvent, pour parler très vite, dans le parc HLM des gens qui ne devraient pas y être, et se trouvent dans la rue, des campings, des gens qui devraient y être et notamment parmi les jeunes et parmi les ménages les plus modestes. Je considère que c'est un véritable scandale. Et, nous sommes en train de préparer un texte pour mettre en place de véritables surloyers pour ceux qui profitent indûment du parc HLM et qui, bénéficiant de leur rente de situation, se font construire, par ailleurs, peut-être des résidences secondaires".

décembre 2007: Déclenchement du Plan Grand Froid. les ennuis commencent pour les sans-abris, les "couche dehors" comme disait l'Abbé, mais aussi pour Christine Boutentrain...

17 décembre: la très médiatique Association Les enfants de Don Quichotte déclare "Force est de constater que tous les jours, des personnes restent sans hébergement parce qu'il n'y a plus de place ou les places qu'on leur propose sont indignes. Notre projet est d'installer un campement 'refuge', auquel des associations auraient pu apporter leur soutien logistique et humain. (...) Alors que 27 100 places devaient être créées ou transformées en 2007, moins de 14 000 le seront". Christine Boutentrain avoue elle même "le problème, ce sont les maisons relais. Nous en avions promis 13 000, nous en avons réalisés 6 000". (le JDD du 17 décembre)
F. Fillon prend en main le dossier. Il annonce aux associations qu'il ne tolèrera aucun campement de tentes, tout en leur certifiant la signature d'un contrat (avec des buts précis) le 15 janvier. Rendez-vous est donc pris...

19 décembre 2007: le Canard Enchaîné dévoile que M. Jean Claude Bolufer, directeur de cabinet de Madame Boutentrain, occupe, à Paris, un appartement HLM de 190 m2 pour un loyer très inférieur aux prix du marché. Il démissionne.

8 janvier 2008: Nicolas présente ses voeux à la presse et annonce le report au mois de février de l'annonce du plan banlieue préparé par Fadela Caméra.

10 janvier 2008: Christine Boutentrain raconte dans Paris Match: Fadela Caméra "m'a été imposée comme secrétaire d'Etat, assurait la ministre du logement et de la ville. Les dix premières secondes de stupeur passées, j'ai dit : Je veux que ça marche ."

14 janvier 2008: Dans La Croix, elle déclare qu'elle ne "croit pas en un plan uniquement centré sur les banlieues", mais en une politique de la ville plus globale. (le Monde du 15 janvier)

15 janvier 2008: Le fameux contrat promis par F. Fillon est au point mort. 20 minutes explique dans son édition du jour que "le dossier des sans-abris est toujours à la rue. Pinaillages en haut lieu. Le contrat qui devait être signé [ce jour-là] entre le gouvernement et les associations d'aide aux sans abris ayant été abandonné vendredi, chaque partie en est réduite à transmettre sa liste de propositions à l'autre pour tenter de sortir de la rue les 200 000 SDF".
Pendant ce temps, Christine Boutentrain invente la maison à 15 euros par jour. Le dispositif doit succéder à la maison à 100 000 euros, lancée en 2005 par Jean-Louis Borloo. 20 minutes nous rappelle que la maison Borloo "avait généré moins de 500 constructions". La maison à 15 euros par jour serait payable sur "20 à 25 ans à raison de 450 euros par mois".
J'ai fait le calcul: 450 x 12 x 20 = 108 000 euros. Soit plus chère que la maison Borloo. Hmm hmm

21 janvier 2008: Nicolas Sarkozy, que Fadela Caméra attendait pourtant à Vaulx en Velin le lendemain, choisit plutôt de se rendre à Sartrouville pour y évoquer le futur Plan Banlieue et en donner la philosophie: "la vie, ce n'est pas glander". Le "plan banlieues" devient officiellement le "plan anti-glandouille".

22 janvier 2008: Christine Boutentrain et Fadéla Caméra se retrouvent, dans un Vaulx en Velin dont le centre ville est interdit à ses habitants, pour faire la présentation des grandes lignes du plan. La ministre coupe l'herbe sous le pied de sa Secrétaire d'Etat en le ramenant à un "plan égalité des chances". Nicolas Sarkozy reprend le dossier en main et annoncera les mesures définitives le 8 février. (libélyon du 22 janvier)

22 janvier 2008: Hommage à l'abbé Pierre disparu il y a un an tout juste. Quasiment toutes les rédactions se posent la même question: "Qui pour succéder à l'Abbé Pierre?"

De toute évidence,
Personne.



Nota bene: le collage a été réalisé à partir de l'affiche publicitaire d'un grand magasin parisien. Saurez vous trouver lequel ?


mercredi 23 janvier 2008

PS: n'en restera-t-il que des maux?

La bêtise, hélas, n'est pas que de droite. Elle peut aussi être de gauche.


Une campagne de publicité dans le métro parisien de l'IFAW sur l'extinction de certaines espèces animales a attiré mon attention. On y voit, sur certaines affiches, sur un fond de paysage de savane, le mot éléphant dont le graphisme prend la forme de l'animal. Au bas, une question sonne comme un dernier avertissement avant qu'il ne soit trop tard: "N'en restera-t-il que des mots?"

Eléphants, extinction des espèces. Il n'en fallait pas plus à mon esprit marabouté pour me laisser embarquer pour un voyage dans le temps et l'exPS...

On connait depuis longtemps les causes qui font que d'ici très peu de temps les éléphants risquent de ne plus être pour nous que des géants que nous irons voir au musée de notre déraison. Il en est d'autres, sans doute moins indispensables à nos écosystèmes, dont on nous promet chaque jour l'extinction prochaine. Je veux parler, biensûr du parti socialiste.Aucune ONG se mobilise et tous les indices sont au rouge. Les déclarations les plus récentes des chefs du troupeau sont là pour nous le démontrer.

Petite revue de détails.

La surpopulation humaine pousse à la déforestation: Le monde du 14 décembre dernier ne titrait-il pas "A Paris, la rivalité Delanoë-Royal complique la formation des listes". Et en effet: "Dans [le XXème arrondissement, Bertrand Delanoë a souhaité voir figurer en position éligible un de ses conseillers à la mairie, Hamou Bouakkaz. Pour faire droit à cette demande du maire, la tête de liste strauss-khanienne dans le 20e , Frédérique Calandra, avait rétrogradé le sénateur David Assouline – proche de Mme Royal – à une place non éligible. Dénonçant "une petite exécution dans un sous-bois, à l'abri des regards", M. Assouline a obtenu le rejet de la liste par 106 voix contre 93". La recherche permanente de places met en danger un nombre grandissant d'éléphants.

Le braconnage: Le Figaro du 27 décembre ne s'en félicitait-il pas? "Le parti du président de la République a établi une liste de 500 candidats venus de la gauche ou du centre et veut «doubler la mise». La liste comporte cinq cents noms. C'est la liste de «l'ouverture politique» voulue par Nicolas Sarkozy et que l'UMP s'applique à mettre en œuvre dans les villes de plus de 30 000 habitants pour les municipales. Concoctée par Alain Marleix, le «M. Élections» du parti du président, elle fait la part belle à l'ouverture vers les candidats de gauche convertis au sarkozysme et à ceux issus de l'immigration. Le président de la République, qui a fait le point sur la question avant de partir en vacances, est satisfait mais en veut plus. Il compte sur sa stratégie d'ouverture pour passer sans encombre les rendez-vous électoraux du printemps". Jack Lang sera-t-il le prochain éléphant à y laisser ses défenses ?

La culture sur brulis: Manuel Valls, le député PS de l'Essonne, n'avait-il pas estimé le 15 juillet, lors du Grand Rendez-vous Europe 1/TV5 Monde/Le Parisien,qu'il serait souhaitable que le Parti socialiste "change de nom" et "dépoussière" son fonctionnement, sans attendre les municipales de 2008. "". Plus que de dépoussièrage, Manuel Valls propose de mettre le feu aux vieux combats, en appelant le PS à se prononcer avec « une plus grande clarté » en faveur de l'alignement des régimes spéciaux de retraite (Le monde du 12 décembre). Il est à craindre que l'incendie se propage sur toutes les terres de PS, «une grande partie des idées de gauche est épuisée», avait-il osé il y a quelques mois (Libération du 1er septembre).

Le buchonnage industriel: là, c'est du mastoque. On touche aux ressources. Le prédateur n'est pas n'importe qui. Nicolas Sarkozy, imself. Jugez-en vous mêmes: "Français, prompts à détester votre pays et son histoire, écoutez la grande voix de Jaurès: « Ce qu’il faut ce n’est pas juger toujours, juger tout le temps, c’est se demander d’époque en époque, de génération en génération, de quels moyens de vie disposaient les hommes, à quelles difficultés ils étaient en proie, quel était le péril ou la pesanteur de leur tâche, et rendre justice à chacun sous le fardeau. »Pourquoi la gauche n’entend-elle plus la voix de Jaurès ?" (Congrès de l'UMP, 14 janvier 2007). Je vous l'ai dit, du buchonnage ... jusqu'aux larmes tant l'émotion nous étreint: « J’ai cité Léon Blum parce que Léon Blum a fait de la France une grande nation quand il a dit : "l’émulation scolaire c’est l’égalité vraie". Parce que je me sens l’héritier de l’enfant qui en 1936 grâce aux congés payés jette sur la mer son premier regard émerveillé et entend prononcer pour la première fois le mot "vacances"» (Discours de NS à Saint Quentin le 25 janvier 2007).

La destruction des routes migratoires: La dernière université d'été du PS à la Rochelle n'at-elle pas été surtout marquée par l'abscence des principaux éléphants. Et puis, qui grimpe encore la roche de Solutré?

Enfin, le laxisme des autorités locales: Stéphane Le Foll, le bras droit de François Hollande l'avoue lui-même :« Chaque fois qu'il y a un sujet un peu compliqué, faute d'une volonté et d'une autorité à la tête du parti, nous sommes tout de suite en difficulté ». « C'est pire qu'un problème d'autorité. C'est un problème lié au respect des règles du PS », ajoute-t-il.
Michel Urvoy dans Ouest France résumait bien la situation, le 16 janvier dernier: "[L'] affaire européenne aura été triplement ravageuse. D'abord, elle rend les socialistes coresponsables d'un traité (de Lisbonne) moins intéressant - mais qu'ils vont majoritairement voter - que le projet initial de Constitution qu'ils ont contribué, en dépit d'une consultation interne favorable, à jeter aux orties. Ensuite, le PS se prend les pieds dans le tapis, alors que les municipales et le pouvoir d'achat commençaient à le rendre audible. Enfin, à quelques mois du congrès de la succession, François Hollande, arbitre inexistant des sujets qui fâchent, prend le risque d'une bataille généralisée sur le terrain. Les trois cas confirment que le PS est d'abord victime de son fonctionnement, de son leadership mou, de son incapacité à organiser des vraies confrontations et à faire respecter les décisions".

On le voit, la situation est préoccupante. Tous les indicateurs sont au rouge. Les éléphants risquent bien de disparaître. Pourtant, quand une espèce s'éteint, il arrive que quelques éléments survivent. Leur petite taille, leur étonnante potentiel d'adaptation, leur capacité à s'enterrer eux-mêmes.
Je vous en ai déterré un exemplaire.


lundi 21 janvier 2008

Foi de renard, le Point ne flagorne pas !
























Cette semaine, le Point a décidé d'être pointilleux. Le Point pointe. Il comptabilise, recense, énumère les petites révérences et grandes flagorneries de ce qu'il appelle la Cour de Nicolas Sarkozy. Mais, il en oublie. Et pas des moindres: les siennes...

Commençons par l’article de ce qui semble bien être un expert, le très Point-u Saïd Mahrane, p.33-34. Titre : « l’art de flagornerie ». La scène : « Mercredi 9 janvier, 18h30, salle des fêtes de l’Elysée. Un petit groupe de députés UMP, venus recevoir les voeux du président de la République, gesticulent entre deux tapisseries. Avec un air matois il s’attrapent par le bras et se font des messes basses. Très vite, on comprend qu’il s’agit pour eux de savoir par où Nicolas Sarkozy fera son entrée, histoire de se mettre sur son chemin et de lui toucher la main ».
Les acteurs : « Ils sont conseillers, ministres, hommes d’affaires, histrions du PAF, acteurs, journalistes. De droite, de gauche ou politiquement athées. Ils sont passés maîtres dans l’art de la flagornerie. Leur propre miroir ne les supporte plus. C’est la Cour. »
Suit un lourd descriptif de l'inutilité de cette cour tellement le Président semble s’en moquer. On sent que notre expert a du s’aider de Saint-Simon pour dresser portraits, user vocabulaire et décrire ainsi les vils procédés de ces flagorneurs.

Mais, il y a comme un problème. Une sorte de contradiction. Notre Point-ure du journalisme, p. 34, ne peut s’empêcher de flatter le séant de notre cher Président. Et là, on découvre l’expert, le vrai. Non pas celui qui sait voir dans l’oeil des autres les bassesses dont ils peuvent être les commetteurs. Mais l’expert en flagorneries. Lui-même. Car comment salir la Cour sans salir le Roi ? Il fallait se faire maître en la matière. Ce qu’ils n’aiment pas au Point, ce n’est pas la flagornerie, mais les flagorneurs, la concurrence quoi. Jugez-en par vous-mêmes. Un nota bene, en fin d’article : « les journalistes ne sont pas en reste. Il fallait voir Sarkozy à cheval en Camargue, durant la campagne présidentielle, tacquiner les joyeux journaleux qui le suivaient, amassés sur une remorque. Eux, hilares, en redemandaient. Lui jubilait. Ray-Ban sur le nez, beau comme Stallone. Ou était-ce Napoléon prenant la pose sur le col du Grand-Saint-Bernard... ? »

Cet article suscite donc dans mon esprit un Point d’interrogation. L’art de la flagornerie, puisqu’il existe, ne consisterait-il point à flétrir les autres pour mieux flatter soi-même ?. « L’habit ne fait pas le moine », dit une maxime. Mais « la plume refait l’oiseau », nous dit une autre. Et en feuilletant l’hebdomadaire, on s’aperçoit que la plume des journaleux refait plutôt bien l’oiseau Sarkozy. Et si c’est un art, c’est du Point-illisme, par petite touche par ci par là.

Petit manuel de détection de l’art de la flagornerie :

Point 1 – La flagornerie se cache dans la contradiction. Claude Imbert dans son éditorial, p.3. Intense réflexion sur la révolution en marche aux Etats-Unis qui voit le camp démocrate devoir choisir entre un Noir et une femme. Claude Imbert dit : « De cet Etat-continent, de ce peuple cosmopolite de Blancs, Noirs, Latinos et Jaunes monte d’ors et déjà une spectaculaire et forte vague de renouvellement et d’innovation ». Devant tant d’ouverture à l’autre, on se dit que le Claude aura du mal à soutenir la politique sarkozienne. Et bien non. Pourquoi se gêner? A la fin de l’éditorial : « Face aux nouveaux géants du monde, l’Europe n’a pas encore soigné les poisons dissolvants de son élargissement. Sarkozy, et tant mieux, a réparé la porcelaine atlantique. Sa « politique de civilisation » ne s’édifiera pas, loin de l’Amérique, dans l’amour irénique du genre humain. Une politique de civilisation doit d’abord protéger ce qui fait ce qu’elle est. Car le Mal court. Et contre lui nous sommes dans le même bateau ».

Point 2 – La flagornerie se cache dans la blague bravache. Patrick Besson, p.13 (« 24 conseils au président de la République en vue de ses noces avec Mademoiselle Bruni »). Entre autres : conseil n°23, « un tatouage pourrait lui plaire, mais éviter le piercing à la langue : vous parler quand même beaucoup ». No comment.

Point 3 – La flagornerie se cache dans la République. Sylvie Pierre-Brossolette, p. 31 et 32, nous narre le grand Charles croqué en Louis XIV par le Canard, « les courtisans à particule de VGE », « le bon plaisir mitterrandien », « la trinité Chirac ». Mais, nous dit-elle, avec Sarkozy, ce n’est pas pareil. « La seule différence de la cour de Nicolas 1er par rapport à celle de ses prédécesseurs, c’est sans doute l’inquiétude. (…) Aujourd’hui, [les courtisans] craignent de subir un moins, étreints par une anxiété paralysante, les puissants se sachant notés et jugés aux résultats ».

Point 4 – La flagornerie se cache dans la référence historique. Max Gallo, par ailleurs, rédacteur de discours de président, nous en convainc, p.40. « En fait nous changeons d’époque. Le rideau de l’hypocrisie et du mensonge social qui recouvrait la France puis le dernier tiers du XIXème siècle se déchire. Et cela gêne d’abord les élites compassionnelles. Elles dissimulent leur mode de vie et leurs revenus. Elles haïssent Sarkozy parce qu’il ose rompre avec l’hypocrisie bourgeoise, qu’il ne faut pas confondre avec la pudeur, la réserve, la discrétion, la retenue, l’humilité ». C'est sûr les élites du Point ne sont pas compassionnelles.

Point 5 – (Enfin) La flagornerie se cache dans des cercles concentriques (si, si, je vous jure). Marc Fumaroli de l’Académie française, p.42 (en face de la publicité pour le film sur Charlie Wilson). « Le prince démocratique contemporain n’a pas affaire à une seule cour, mais à la houle de trois cours concentriques [si j’ai bien suivi, celle des gens de pouvoir, celle des « petits espions de l’information, de la publicité et du divertissement de masse » et celle des « citoyens électeurs »]. S’il veut garder la ligne de conduite qu’il s’est fixé, il doit surfer sur ces trois houles à la fois, qui cherchent à le renverser en même temps qu’elles le portent. Il (ou elle) joue sans filet. L’exercice du pouvoir démocratique ne relève plus de l’art du théâtre, mais du sport à haut risque, du cirque, de la tauromachie ». Plus fort que Louis XIV. Je ne sais pas vous, mais là, j’ai le mal de mer.

En tout cas, une chose est certaine. Le Point a beau user de tous les stratagèmes pour nous faire croire qu’il ne mange pas de ce pain là, il semble bien qu’il en soit gavé.

Cette semaine, donc, un Point culminant d’hypocrisie...