lundi 11 février 2008

Martinon ou la chronique d'une fin de régime (espérons-le !)

Humons l'air un petit peu.

Ne sentez vous pas que ce début de règne ressemble à une fin de régime ? Des journalistes qui passent leur temps à se faire les chroniqueurs d’une cour chaque matin plus ridicule que la veille. Un monarque obligé d’aller chercher l’onction un jour au Vatican, un autre à Bruxelles.

Que nous racontent nos chroniques du week-end ?

Elles nous narrent l’histoire d’un roi qui ne savait pas comment partager son royaume de Neuilly. Son obsession : trouver un fief à son maire du palais élyséen, David Martinon. Mais l’adoubement tourne court car les factions aristocratiques de la ville de Neuilly s’en mêlent. Leurs intérêts, purement matériels, les poussent à maintenir l’unité de leur petite province, à travers laquelle sont dispersés leurs biens. Leur champion, Jean Sarkozy, n’est autre que le premier fils du souverain, né d’un premier mariage. Et les liens du sang sont les plus forts dans l’aristocratie. Ils ne sauraient être ravalés au rang de façade. Comment ce Martinon, cet Austrasien, pourrait-il assurer la direction du royaume alors qu’il n’a aucun titre. Ces derniers jours, ils nous interpellent, les princes du sang : « Qui doit être roi en Sarkozie, celui qui possède le pouvoir ou celui qui ne l’a point ? » Martinon avait tout de même reçu l’onction royale. Le souverain avait lui-même pris la peine de faire réaffirmer par le Pape sa suprématie:












Mais rien n’y fait : à la race sacralisée par le sang ne succédera pas la race consacrée par l’onction !


Ridicule tout cela. Vous avez raison. D’ailleurs Dagobert, dans sa tombe repose désormais en paix. Il n’est plus désormais le seul objet de nos moqueries.

Mais ce n’est pas tout. Un autre groupe de pression, nous disent les chroniques du week-end, se réunit autour de la deuxième femme de Nicolas Sarkozy, Cécilia, épousée en 1996. Or, en 1997, celle-ci lui donna un fils, Louis. Depuis, elle n’a de cesse que le principe du partage s’applique aussi à son fils, usant de tous les stratagèmes pour que son divorce avec le roi ne l’envoie, elle et Louis dans l’anonymat. La disgrâce de Martinon sonnerait celle du clan de Cécilia dont il était le protégé.

Voilà, l’histoire que l’on nous narre. C’est à qui dominera la volonté du monarque, chacun avec ses clientèles cherchant à tirer profit de ces rivalités. Pour l’heure, il semble bien que les factions aristocratiques de Neuilly autour de Jean aient pris le dessus. Martinon sera tondu et enfermé dans un monastère.

Mais alors. Comment sortir de ses révolutions de palais ? Comme toujours, le rêve d’empire va nous projeter loin de nos querelles intestines. L’Europe. Vous savez, cette grande France.

Allocution télévisée de Nicolas Sarkozy, hier soir, le 10 février, 20h00 :

« Je veux que la France donne l’exemple. Je veux qu’elle soit de nouveau en Europe une force de propositions et une force d’entraînement ».

Ridicule à Neuilly, je serai impérial à Bruxelles :

« Je souhaite que la présidence française soit l’occasion d’avancer dans cette voie. C’est dans cet esprit que je proposerai à nos partenaires comme priorité de travailler sur une stratégie de développement durable, une politique commune de l’immigration, une défense européenne et une refondation de la politique agricole ».

Que ceux qui jusqu’ici s’adonnaient à des guerres privées et abusives, au grand dam de leurs concitoyens, aillent au combat. Un combat qui vaut d’être engagé et qui mérite de s’achever en victoire :

« Désunis, les peuples d’Europe ne pourraient pas relever les défis du XXIe siècle. Unis, ils représentent une formidable puissance politique, économique, culturelle, morale, qui aura son mot à dire dans les affaires du monde. C’est pour cela que l’Europe est si importante. Dans le respect des opinions et des sensibilités de chacun, je forme le voeu que, dépassant les clivages partisans et les oppositions du passé, nous soyons tous rassemblés pour que l’Europe se fasse, qu’elle se fasse sur des valeurs, des critères, des objectifs dans lesquels nous nous reconnaissons tous ».

Et voilà. Il est probable qu’aujourd’hui l’actualité des guerres factieuses de Neuilly écrase largement dans nos journaux l’inanité du projet européen de Nicolas Sarkozy. A défaut de journalistes relayant de vrais débats d’idées permettant au citoyen de s’approprier la politique, espérons, quand même, que les chroniqueurs, qui à longueur de unes nous racontent la déchéance des Puissants, nous montrent à voir, la fin d’un régime et de modes de gouvernement éculés.

Pour que l’on puisse, enfin, passer à autre chose.

Max.


Nota bene: le collage du jour est inspiré de la dernière publicité d'un grand magazin parisien. Une fois de plus, merci à Jean Paul Goude.

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