... ou comment la politique disparaît dans l'abstraction.
Jeudi dernier, le papa d'une petite camarade de classe de ma fille, 4 ans et demi, est arrêté par la police, à son domicile. Il est sans-papiers. Il est conduit au centre de rétention de Vincennes et passe devant un juge qui lui notifie son expulsion pour un jour proche (ce lundi peut-être).
Samedi, une petite manifestation est organisée, par l'école et le réseau RESF, dans le quartier pour essayer de mobiliser un peu les habitants. Nous sommes une trentaine qui déambulons dans les rues dans ce qui ressemble à une sorte d'indifférence ou de renoncement ou de peur. C'est jour de marché. Les rues sont pleines mais elles sont vides.
Je m'interroge.
Rentrant chez moi, je reprend le livre de David Hochney [1] dans lequel je me suis plongé ce week end. J'y trouve une réponse provisoire. "Avant Einstein, écrit-il, le temps et l'espace étaient considérés comme des concepts distincts, comme des absolus qui auraient toujours existé. Pour Einstein, ces notions ne sont pas des absolus et elles dépendent en grande partie de l'observateur. Par voie de conséquence, la notion de réalité partagée a considérablement reculé. Il devenait évident que nous voyons tous quelque chose d'un peu différent".
Pour nos sociétés contemporaines dans lesquelles les individus s'autonomisent, les populations se déplacent, tout devient abstraction. Il n'y a plus un point fixe à partir duquel nous regardons tous ensemble vers l'horizon. La perspective disparaît. La "notion de réalité partagée" recule.
Nous manifestons dans des tunnels. Au dessus, d'autres, se taillent des boulevards.
Nous avons besoin de voir neuf. Mais comment ?
miossec - le stade de la résistance
Max.
[1] David Hochney, Ma façon de voir, Thames & Hudson, 1993
Nota bene: collage librement inspiré des oeuvres de David Hochney et Kara Walker
lundi 28 janvier 2008
la figure du sans papier...
Publié par Max à 07:00
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