La bêtise, hélas, n'est pas que de droite. Elle peut aussi être de gauche.
Une campagne de publicité dans le métro parisien de l'IFAW sur l'extinction de certaines espèces animales a attiré mon attention. On y voit, sur certaines affiches, sur un fond de paysage de savane, le mot éléphant dont le graphisme prend la forme de l'animal. Au bas, une question sonne comme un dernier avertissement avant qu'il ne soit trop tard: "N'en restera-t-il que des mots?"
Eléphants, extinction des espèces. Il n'en fallait pas plus à mon esprit marabouté pour me laisser embarquer pour un voyage dans le temps et l'exPS...
On connait depuis longtemps les causes qui font que d'ici très peu de temps les éléphants risquent de ne plus être pour nous que des géants que nous irons voir au musée de notre déraison. Il en est d'autres, sans doute moins indispensables à nos écosystèmes, dont on nous promet chaque jour l'extinction prochaine. Je veux parler, biensûr du parti socialiste.Aucune ONG se mobilise et tous les indices sont au rouge. Les déclarations les plus récentes des chefs du troupeau sont là pour nous le démontrer.
Petite revue de détails.
La surpopulation humaine pousse à la déforestation: Le monde du 14 décembre dernier ne titrait-il pas "A Paris, la rivalité Delanoë-Royal complique la formation des listes". Et en effet: "Dans [le XXème arrondissement, Bertrand Delanoë a souhaité voir figurer en position éligible un de ses conseillers à la mairie, Hamou Bouakkaz. Pour faire droit à cette demande du maire, la tête de liste strauss-khanienne dans le 20e , Frédérique Calandra, avait rétrogradé le sénateur David Assouline – proche de Mme Royal – à une place non éligible. Dénonçant "une petite exécution dans un sous-bois, à l'abri des regards", M. Assouline a obtenu le rejet de la liste par 106 voix contre 93". La recherche permanente de places met en danger un nombre grandissant d'éléphants.
Le braconnage: Le Figaro du 27 décembre ne s'en félicitait-il pas? "Le parti du président de la République a établi une liste de 500 candidats venus de la gauche ou du centre et veut «doubler la mise». La liste comporte cinq cents noms. C'est la liste de «l'ouverture politique» voulue par Nicolas Sarkozy et que l'UMP s'applique à mettre en œuvre dans les villes de plus de 30 000 habitants pour les municipales. Concoctée par Alain Marleix, le «M. Élections» du parti du président, elle fait la part belle à l'ouverture vers les candidats de gauche convertis au sarkozysme et à ceux issus de l'immigration. Le président de la République, qui a fait le point sur la question avant de partir en vacances, est satisfait mais en veut plus. Il compte sur sa stratégie d'ouverture pour passer sans encombre les rendez-vous électoraux du printemps". Jack Lang sera-t-il le prochain éléphant à y laisser ses défenses ?
La culture sur brulis: Manuel Valls, le député PS de l'Essonne, n'avait-il pas estimé le 15 juillet, lors du Grand Rendez-vous Europe 1/TV5 Monde/Le Parisien,qu'il serait souhaitable que le Parti socialiste "change de nom" et "dépoussière" son fonctionnement, sans attendre les municipales de 2008. "". Plus que de dépoussièrage, Manuel Valls propose de mettre le feu aux vieux combats, en appelant le PS à se prononcer avec « une plus grande clarté » en faveur de l'alignement des régimes spéciaux de retraite (Le monde du 12 décembre). Il est à craindre que l'incendie se propage sur toutes les terres de PS, «une grande partie des idées de gauche est épuisée», avait-il osé il y a quelques mois (Libération du 1er septembre).
Le buchonnage industriel: là, c'est du mastoque. On touche aux ressources. Le prédateur n'est pas n'importe qui. Nicolas Sarkozy, imself. Jugez-en vous mêmes: "Français, prompts à détester votre pays et son histoire, écoutez la grande voix de Jaurès: « Ce qu’il faut ce n’est pas juger toujours, juger tout le temps, c’est se demander d’époque en époque, de génération en génération, de quels moyens de vie disposaient les hommes, à quelles difficultés ils étaient en proie, quel était le péril ou la pesanteur de leur tâche, et rendre justice à chacun sous le fardeau. »Pourquoi la gauche n’entend-elle plus la voix de Jaurès ?" (Congrès de l'UMP, 14 janvier 2007). Je vous l'ai dit, du buchonnage ... jusqu'aux larmes tant l'émotion nous étreint: « J’ai cité Léon Blum parce que Léon Blum a fait de la France une grande nation quand il a dit : "l’émulation scolaire c’est l’égalité vraie". Parce que je me sens l’héritier de l’enfant qui en 1936 grâce aux congés payés jette sur la mer son premier regard émerveillé et entend prononcer pour la première fois le mot "vacances"» (Discours de NS à Saint Quentin le 25 janvier 2007).
La destruction des routes migratoires: La dernière université d'été du PS à la Rochelle n'at-elle pas été surtout marquée par l'abscence des principaux éléphants. Et puis, qui grimpe encore la roche de Solutré?
Enfin, le laxisme des autorités locales: Stéphane Le Foll, le bras droit de François Hollande l'avoue lui-même :« Chaque fois qu'il y a un sujet un peu compliqué, faute d'une volonté et d'une autorité à la tête du parti, nous sommes tout de suite en difficulté ». « C'est pire qu'un problème d'autorité. C'est un problème lié au respect des règles du PS », ajoute-t-il.
Michel Urvoy dans Ouest France résumait bien la situation, le 16 janvier dernier: "[L'] affaire européenne aura été triplement ravageuse. D'abord, elle rend les socialistes coresponsables d'un traité (de Lisbonne) moins intéressant - mais qu'ils vont majoritairement voter - que le projet initial de Constitution qu'ils ont contribué, en dépit d'une consultation interne favorable, à jeter aux orties. Ensuite, le PS se prend les pieds dans le tapis, alors que les municipales et le pouvoir d'achat commençaient à le rendre audible. Enfin, à quelques mois du congrès de la succession, François Hollande, arbitre inexistant des sujets qui fâchent, prend le risque d'une bataille généralisée sur le terrain. Les trois cas confirment que le PS est d'abord victime de son fonctionnement, de son leadership mou, de son incapacité à organiser des vraies confrontations et à faire respecter les décisions".
On le voit, la situation est préoccupante. Tous les indicateurs sont au rouge. Les éléphants risquent bien de disparaître. Pourtant, quand une espèce s'éteint, il arrive que quelques éléments survivent. Leur petite taille, leur étonnante potentiel d'adaptation, leur capacité à s'enterrer eux-mêmes.
Je vous en ai déterré un exemplaire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire